Arrêts de travail en téléconsultation : prenons exemple sur ce qui fonctionne

Arrêts de travail en téléconsultation : prenons exemple sur ce qui fonctionne

Publié le 25 octobre 2022

Les arrêts de travail ont explosé en France entre 2021 et 2022. L’assurance maladie préconise de limiter l’attribution des arrêts de travail aux médecins traitants. Selon Malakoff Humanis, en mai 2022, 42 % des salariés du secteur privé avaient reçu un arrêt de travail au cours des douze derniers mois. Un record. Pourtant, de bonnes pratiques sont possibles et permettent à la téléconsultation d’améliorer l’accès aux soins et de soulager une partie de la pression exercée sur les services d’urgence.

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La télémédecine mise en cause

Pour endiguer la croissance de ces arrêts de travail, l’Assurance Maladie souhaite encadrer leur délivrance par téléconsultation aux seuls médecins traitants. Le sous-entendu ? Le numérique favoriserait les arrêts de complaisance. Pourtant, les médecins qui réalisent des téléconsultations ne sont pas différents des médecins qui prennent en charge physiquement les patients. Et même mieux : ce sont les mêmes.

En France, l’encadrement reste fort puisque l’activité de téléconsultation des médecins conventionnés est limitée à 20% de leur activité totale. Cette activité reste donc avant tout un dispositif complémentaire qui, au-delà de favoriser l’accès aux soins, est un moyen de soulager les professionnels de santé et participe à améliorer leur qualité de vie au travail

Encadrer la pratique pour mieux prendre en charge

À l’heure actuelle, les téléconsultations représentent environ 5 % du total des consultations selon le Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance-maladie. Il est par ailleurs évident que le lien de proximité qui nous unit à notre médecin traitant peut également amener quelques facilités à délivrer des arrêts. Pour autant, en tant qu’acteur majeur de l’e-santé, nous soutenons l’initiative de l’Assurance Maladie : il est nécessaire d’encadrer leur délivrance.

En effet, il est clair que certaines plateformes abusent et jettent l’opprobre très injustement sur l’ensemble du secteur. On pense notamment à feu Arretmaladie.fr qui proposait un arrêt de travail en « quelques minutes ». Mais ce type de plateforme commerciale n’a pas grand-chose à voir avec les acteurs sérieux de la téléconsultation qui encadrent eux-mêmes la délivrance des arrêts.

De l’auto-régulation dans la délivrance des arrêts

Chez Livi par exemple, les médecins en salariat sont autorisés à délivrer un premier arrêt de travail de 5 jours maximum et le renouvellement par téléconsultation est impossible : le patient doit obligatoirement passer par son médecin traitant.

Mieux, nous faisons une nouvelle proposition à l’Assurance maladie : limiter la délivrance d’arrêts de travail en téléconsultation aux seuls médecins traitants à l’exception des patients qui n’en ont pas ou qui vivent en désert médical.

En effet, les patients qui ont recours à la téléconsultation pour accéder à un médecin sont très éloignés des soins. En 2022, ils sont 29% à vivre en désert médical et 36% à ne pas avoir de médecin traitant. Soit respectivement 13 points et 3 fois plus que la moyenne nationale. La téléconsultation leur permet d’accéder aux soins.

Eviter le déversement des patients aux urgences

Impliquer uniquement les médecins traitants dans la délivrance des arrêts de travail suppose que tous les patients ont un médecin traitant. Ce qui est loin d’être le cas et ce qui ne s’améliorera pas dans les prochaines années : plus de 10% des Français n’ont pas de médecin traitant, soit 7 millions de personnes.

Encourager les patients à se détourner de services digitaux pour revenir vers des consultations physiques obligatoires, dans un contexte de crise des urgences, s’apparente à un pas en arrière.

En effet, les patients sans médecin traitant se tourneront vers les structures hospitalières pour demander un arrêt maladie. Or, ces médecins ont un temps à mieux allouer et ne sont pas leur médecin traitant.

L’un des bénéfices du numérique dans la santé est de favoriser l’accès aux soins dans les territoires et de soulager les services d’urgence. Et, les chiffres le démontrent, la téléconsultation soulage une partie de la pression exercée sur ces services. Un retour en arrière serait perdant pour les patients sans médecin traitant et pour le système hospitalier.

 

Par le Dr Ségolène Puechlong, cheffe du service de Médecine Générale chez Livi

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